Votre dernière séance ciné !

J'ai aimé  (pas grand-chose):

- les costumes (apparemment seuls des tissus d'époque ont été utilisés, je veux bien même si on ne peut pas le voir) ;
- les décors, merci aux artistes qui ont fait de Versailles ce qu'il est, avec un décor comme ça c'est difficile de se tromper ; pour le reste j'ai apprécié les plans extérieurs des Tuileries ;
- les seuls personnages supportables sont le souffleur de verre et sa femme qui étaient assez touchants ;
- le détail rigolo, Robespierre qui met les branches de ses lunettes par-dessus les boudins de sa perruque.

ET C'EST TOUT !

Je n'ai pas aimé (plein de choses) :

- la succession de saynètes sans transition et décousues ;

- qu'on montre la Reine et ses dames en train de glousser bêtement derrière une porte pendant que le Roi lave les pieds des enfants pauvres ;

- l'une des raisons qui m'a incitée à y aller était la lecture de ces articles dans lesquels on nous vantait l'authenticité du film : tissus d'époque, mots d'époque, discours d'époque. Très bien. Mais dans ce cas, on n'oublie pas la dentition d'époque car visiblement les lavandières et toute la clique sont toutes passées chez un orthodontiste. Dents plus que blanches, plus que droites, bien alignées, ça faisait mal aux yeux. Si c'était un film américain, on ne l'aurait pas loupé mais à tout prendre je préfère voir un blockbuster bien fun (même s'il n'est pas censé l'être mais ça c'est autre chose) comme « L'Homme au Masque de Fer » avec di Caprio même si historiquement il raconte n'importe quoi (je sais, c'est peut-être pas le meilleur exemple, on est dans la fiction) mais où Léo était sale quand il était en prison ;

- les lavandières m'ont horripilée, surtout quand elles se sont mises à chanter, c'était horrible. Moi qui adore les comédies musicales, c'est bien la première fois que je suis horrifiée quand des gens se mettent à chanter dans un film (j'avais envie de crier à l'écran « mais vous allez fermer vos gueules ? »), j'aurais mille fois préféré une adaptation de « La révolution française », la comédie musicale des années 70 qui, au moins, comportent de bonnes chansons ;

- on commence au lendemain du 14 juillet, comme ça, sans contexte (les cahiers de doléances et les Etats Généraux, bah, pourquoi se donner la peine d'en parler?) et on saute aussitôt aux journées d'octobre : bizarre pour un film qui veut parler du point de vue du peuple mais qui n'évoque ni les cahiers de doléances, ni la Grande Peur, ni l'abolition des privilèges ;

- LA scène qui m'a rendue furieuse !!!! L' « interprétation » toute personnelle des journées d'octobre, où on voit ici une très belle journée, avec un soleil magnifique, un Versailles où habitent juste le Roi, la Reine, leurs enfants et Madame Elisabeth… ah, si, et un valet puisque le Roi, en s'en allant, demande qu'il prenne bien soin de Versailles. Pas un carreau cassé, pas une goutte de sang, pas de gardes massacrés sur les marches, pas de têtes sur des piques, pas de furies gueulantes, non !! ils s'en vont bien tranquillement, sous ce  beau soleil, avec personne en vue, comme s'ils quittaient leur résidence secondaire pour rentrer de vacances plus tôt que prévu, « écourter leurs vacances » selon les termes actuels, ça m'a rendue folle et à partir de là je ne risquais pas d'avoir la moindre indulgence pour ce truc, d'ailleurs plus loin on voit qu'en parallèle on nous parle de la fusillade du Champ de Mars en long, en large et en travers, d'où cette idée « les uns sont très gentils et très malheureux et les autres sont très méchants » ;

- la scène « musée Grévin / Sacha Guitry », que dans un autre film j'aurais pu adorer mais qui est ici complètement ridicule. Typiquement le genre « sur le fil du rasoir », soit on adore, soit on déteste.  Le Roi est dans son lit, et le lit est sur une scène de théâtre. Arrive soudain Louis XIV (avec un air pas futé, en plus) qui lui dit « Qu'avez-vous fait de mon royauuuuuuuume !!!! », puis Henri IV qui lui dit « Tu n'es pas un Bourrrrrrrrbon, tu es un bouffooooon ! » (super) et Louis XI qui lui dit « Le veeeeto ! Qu'est-ce que c'eeeest que ceeeeette coutuuuume ? » Alors moi j'adore le style musée de cire, les images d'Epinal, « Si Versailles m'était conté » et « Si Paris nous était conté », mais, d'abord, c'est une autre époque, et surtout ça aurait pu être magnifique mais là c'était ridicule. Pourtant, l'idée est bonne, ça ferait même un bon oneshot, on se doute bien que le Roi devait se demander ce que ses ancêtres pensaient de lui, mais là… ;

- le Basile !!!!!! Naïve que j'étais, j'étais contente de voir Gaspard Ulliel à l'affiche, pour la simple et bonne raison qu'il était magnifique en Duc de Guise dans « La Princesse de Montpensier ». Mais là, euh… Le neuneu de service, le personnage qui ne sert à rien. On le voit une première fois se promener nez au vent dans un champ, puis il regarde des papillons avec une tronche de ravi de la crèche. Ensuite, on nous dit « Février 1791 » (alors super, aussi, les gros cartons avec les dates, ne manque que la couleur fluo du « Lady Oscar » de Jacques Demy sauf que là c'était les 70's), on voit des villageois qui plantent un arbre de la liberté et le Basile bêtement mis au pilori à l'arrière plan. On lui demande ce qu'il a fait, un type dit qu'il lui a volé sa montre et un autre dit qu'il faut lui pardonner, alors embrassades et « je te pardonne » et gnagnagna. Ensuite, Basile voit passer la famille royale qui a été arrêtée à Varennes (au passage, avec la Reine bien maquillée, bien coiffée, qui a seulement l'air de s'ennuyer), il s'agenouille et puis il va à Paris, se met en ménage avec l'une des lavandières, il raconte qu'il a vu le Roi, elle lui dit qu'elle a vu la Reine aux Gobelins, lui montre un mouchoir à son chiffre qu'elle a planqué, et subitement le Basile se transforme en sans-culotte tout en nous faisant mille niaiseries, on perd un temps considérable à suivre ses « aventures » ;

- la prise des Tuileries filmée dans un escalier avec 10 figurants ;

- jamais on ne nous dit que la famille royale est emprisonnée. On nous montre un révolutionnaire très gentil venu expliquer qu’il a recueilli un Suisse blessé et qu’il va l'emmener chez lui mais rien, pas un mot sur les massacres de septembre : ah bon, ça existe ?

- au final, c'était tellement pénible que j'avais presque hâte qu'on en arrive au 21 janvier, c'est dire !

J'ai aimé :

- on se croirait dans un « Chair de Poule 2 » (bientôt sur vos écrans, d'ailleurs!) mais tant mieux car j'adore « Chair de Poule », Jack Black est excellent, tout en rondeur à côté de sa partenaire qui a avalé un porte-manteau (comme Domnhall Gleeson la veille, lol), le petit ne ressemble pas du tout physiquement à celui du livre mais il est très attachant ;

- les décors sont somptueux, bourrés de petits détails (tiens, encore un kraken, mais qu'est-ce qu'ils ont avec ça ? Là c'est un python victime d'un sort qui a mal tourné, le but était de teindre « William Shakespython » en rose), le manoir, le cimetière…, les costumes sont très beaux aussi ;

- j'ai adoré retrouver un dialogue du livre qui m'avait beaucoup fait rire. L'oncle Jonathan et sa voisine, Mme Zimmerman, s'adorent mais ils se chamaillent tout le temps. Quand il lui dit d'apporter des cookies elle lui demande si elle doit les lui enfoncer dans la gorge ou lui mettre les miettes dans le pantalon, mais c'est dit d'une façon, lol, je n'ose même pas imaginer ce que ça donne en VO. Dans le même genre, il y a Jonathan : « Tu veux du thé ? » Mme Zimmerman : « Oui » Jonathan « Alors va le chercher toi-même », j'adore leurs chamailleries, les têtes qu'ils font ;

- je sais que je suis bizarre mais j'en ai pleuré de rire quand Jack Black a fait tourner le pompon de son fez en remuant la tête ;

- le coup de « Pour ça, j'ai besoin d'Ovomaltine » et la scène d'après ils sont dans un salon de thé / confiserie et le gamin vide carrément tout un pot de chocolat en poudre sur la table pour récupérer le « décodeur » qui est au fond ;

- j'ai déjà dit pour « The Lone Ranger » combien j'adorais quand on comprend plein de choses d'un seul mouvement de caméra. Dans une scène qui n'est pas dans le livre, après avoir appris que l'oncle Jonathan avait beaucoup aidé Mme Zimmerman quand elle vivait à Paris, la caméra va de la photo encadré de son mari et de sa fille, dont on sait qu'ils sont morts, au premier plan où elle est en train de poser une assiette de gâteaux sur la table, la manche de sa robe glisse légèrement et on voit qu'elle a un numéro de déportée, ce que seul le spectateur voit (le film se passe début 50's ou fin 40's), c'est très bien fait ;

- la salle des automates en particulier qui m'a rappelée le John Soane Museum de Londres, plein comme un œuf, super bizarre dans ses collections et avec un sous-sol flippant ;

- la réplique de Cate Blanchett « Décidément, je n'aime pas les citrouilles ! » forcément un clin d'oeil à « Cendrillon » ;

- quand ils sortent de la maison, se font attaquer par des citrouilles qui leur vomissent dessus puis qu'ils retournent dans la maison et voient passer les automates qui ont pris vie.

Je n'ai pas aimé :

- l'actrice qui fait la mère (décédée) de Lewis ;

- quand l'oncle Jonathan redevient un bébé, c'était vraiment très bizarre de voir la tête de Jack Black posée sur le corps d'un bébé. Je pense qu'on aurait compris si on avait vu tout simplement un… bébé, lol ;

- bon, allez... quand même aussi l'absence de mes trois scènes préférées du livre : les "illusions historiques", la voiture qui suit leur voiture et la tante défunte qui vient sonner à la porte en pleine nuit.